#29 - Bouffi contre les vampires
Un vampire avec un twist capillaire, de la pâte à modeler contre l'IA, l'adolescence programmée et la tour de Babybel
Le petit événement de ce début d’année, qui n’était au final ni surprenant, ni étonnant, c’est l’annonce de la Nintendo Switch 2. On savait que le géant japonais gardait cette cartouche dans la manche depuis un petit moment, retardant même son lancement, peut-être pour avoir un line-up solide. Les leaks et rumeurs coulaient à foison depuis quelques semaines déjà, il fallait donc bien officialiser la bête pour calmer les ardeurs des spéculateurs en pagaille.
Peut-être que beaucoup ont été déçus d’apprendre que la nouvelle console n’était rien de moins qu’une évolution de la Switch que l’on connaît déjà. Mais entre les 140 millions de Switch vendus, l’explosion des consoles salons/nomades ces dernières années avec la Steam Deck juste derrière et la volonté de toujours rester en parallèle de la course à la technologie depuis quelques temps, cette Switch 2 est un choix logique dans un secteur actuellement en crise. Nintendo n’a pas besoin de prendre de risques, même s’ils ont l’avantage d’avoir suffisamment de réserve pour encaisser certaines tentatives. On attend de connaître le prix néanmoins.
Rien de neuf donc, si ce n’est des manettes désormais munies d’attaches magnétiques, qu’elles pourront apparemment disposer d’un mode “souris”, que l’écran est sensiblement plus grand ou que les jeux de la première Switch seront compatibles avec la nouvelle. Une présentation détaillée arrivera le 2 avril, suivi de multiples essais autour du monde, ce qui signifie que la console ne tardera pas trop à débarquer.
L’autre point concerne le monde des comics et des romans. On savait qu’il pouvait se tramer des choses chez les auteurs, mais on peut aussi se retrouver circonspect devant les révélations faites autour d’une célébrité dont on apprécie le travail. C’est le cas de Neil Gaiman, auteur de romans comme American Gods, Good Omens avec Terry Pratchett ou encore la saga comics Sandman, récemment adapté chez Netflix. L’année dernière déjà, un podcast audio avait mis en lumière les déclarations de jeunes femmes affirmant que l’auteur les aurait abusé sexuellement, utilisant son aura de célébrité pour parvenir à ses fins. Curieusement, ces faits n’ont pas eu énormément d’impact et l’affaire n’a pas été relayé plus que ça, pour une raison inconnue. Certains ont affirmé que le podcast avait utilisé des méthodes étranges, d’autres que Gaiman aurait sciemment ignoré l’affaire pour ne pas mettre trop de lumière dessus.
Mais le 13 janvier dernier, c’est le New York Magazine qui revient avec une longue enquête sur ces accusations, prenant appui sur les dires du podcast pour aller creuser plus loin et révéler des détails encore plus sordides. L’auteur a posté une réponse sur son blog, réfutant certaines accusations, mais difficile de rester insensible sur cet auteur et son travail, qui a apporté son lot de thématiques ouvertes et libertaires, inspirant bon nombre de lectrices et de lecteurs. Ce qui a conduit à une communication de Dark Horse:
“Dark Horse takes seriously the allegations against Neil Gaiman and we are no longer publishing his works. Confirming that the Anansi Boys comic series and collected volume have been cancelled.”
Dark Horse Comics, l’éditeur de Neil Gaiman sur bon nombre de ces œuvres, a donc choisi de ne plus être associé avec lui, une décision radicale mais sage au vu des graves accusations qui pèsent sur l’auteur. Difficile de rester de marbre face à ces auteurs qui ont marqué beaucoup de gens et en ont inspiré plein d’autres, et qui ont utilisé leur notoriété à des fins horribles.
[#film] - Wallace & Gromit: La Palme de la Vengeance
Près de 20 (vingt !) ans après la dernière aventure de notre duo britannique en pâte à modeler préféré, Wallace & Gromit reviennent par l’intermédiaire de Netflix, tout juste un an après avoir organisé le retour de Chicken Run. Mais le vénérable studio Aardman a décidé de ne pas proposer une simple nouvelle aventure comme ils ont pu le faire avec le Lapin-Garou. Cette fois-ci, l’idée est de faire revenir l’un des antagonistes les plus marquants de l’animation: Feathers McGraw, le machiavélique manchot du court-métrage Un Mauvais Pantalon. Le petit film s’était clôturé sur son emprisonnement suite à sa tentative de dérober le célèbre diamant bleu entreposé au musée. L’intrigue se déroule donc bien plus tard, Feathers est toujours en prison mais rêve de se venger du duo qui l’a enfermé, et va profiter de la nouvelle invention de Wallace pour arriver à ses fins: un nain de jardin robotique chargé d’effectuer toutes les tâches de jardinage, ce qui conduit Wallace à monter une véritable entreprise redoutable d’efficacité. Tout ceci au grand dam de Gromit, qui ne peut que constater la dépendance de Wallace à cette technologie et se retrouve délaissé.
Disons-le tout de suite: quel plaisir de se retrouver devant cet univers qui aura bercé notre enfance. Tout est là comme avant: le souci du détail sur tous les décors, la trace des doigts sur les visages, le design particulier de Aardman. On retrouve les mêmes mimiques de Gromit face aux obsessions de Wallace, le même sens du rythme comique ou certains choix de mise en scène qui ne lésinent pas sur les spécificités du medium pour venir appuyer certaines ambiances. Peut-être trop comme avant ? On peut légitimement se poser la question, le film n’ayant pas l’intention de révolutionner la formule, mais quelque part, c’est un nouveau Wallace et Gromit avec son langage et son univers, et c’est déjà beaucoup de retrouver cette atmosphère particulière plusieurs décennies après.
Evidemment, la plus-value de ce film, c’est le personnage de Feathers, manchot au design simpliste mais qui parvient avec un simple regard, des mouvements lents mais précis et une mise en scène qui appuie son côté intransigeant, à s’imposer comme un vrai méchant charismatique. C’est par son absence de bouche et ses yeux noirs expressifs qu’il se transforme en un antagoniste génial. On reprend là où on l’avait laissé, et il est presque intéressant de revoir le court-métrage juste avant tellement La Palme de la Vengeance prend la suite de l’intrigue directe.
Libre de toute contrainte artistique, Aardman peut aussi se lâcher sur ses ambitions, avec quelques séquences réellement impressionnantes quand on pense à la technique utilisée. On se souvient de l’époque où le studio collaborait avec Dreamworks et se retrouvait parfois à devoir faire avec l’exigence du gros studio qui voulait adapter le contenu au public américain. Ici, l’humour anglais est présent à 100%, et on profite de vraiment retrouver ce qui faisait le sel des premières productions du duo. Un film qui n’a peut-être pas l’envergure scénaristique ni la profondeur que l’on peut retrouver dans Chicken Run par exemple, mais qui reste comme une petite bulle de fraîcheur paradoxale, parce que Aardman est encore un de ces derniers bastions indépendants de l’animation. Et on ne boudera pas notre plaisir.
Wallace et Gromit: La palme de la vengeance/ Réalisé par Nick Park & Merlin Crossingham / Avec les voix de Ben Whitehead, Peter Kay, Reece Shearsmith / Sortie le 03 janvier 2025 sur Netflix
[#jeu vidéo] - Chants of Sennaar
Imaginez un petit personnage qui débarque dans une mystérieuse cité, au pied d’une gigantesque tour, mais incapable de comprendre un traître mot de ce que racontent les habitants. Ce petit bonhomme veut grimper en haut de la tour pour percer les mystères de ce monde et comprendre pourquoi il a été enfermé dans ce curieux sarcophage, au milieu de ruines d’une civilisation qui a l’air plutôt avancé. Une fois les quelques rudiments linguistiques acquis pour se rendre à un nouvel étage de la tour, il faudra recommencer, car chaque étage possède son propre peuple, et chaque peuple, son propre langage.
Le mot Sennaar de Chants of Sennaar n’a rien à voir avec un quelconque scénar(io), mais prend son origine dans une lointaine contrée du Sud de la Mésopotamie, Shinar, où le roi Nemrod construisit une tour qui alla jusqu’aux cieux. Mais Dieu était un poil furax et décida de priver les hommes de leur langue unique, avant de tous les disperser aux quatre coins du monde afin d’empêcher la construction de cette fameuse tour, que l’on appellait communément la Tour de Babel. Chants of Sennaar ne reprend pas stricto sensu ce contexte historique mais s’en inspire pour créer son propre univers, et RunDisc, l’équipe du jeu, en a profité pour injecter une charte graphique en ligne claire qui évoque les dessins de Moebius. Le jeu possède une patte inimitable, chacun des niveaux baignant dans des choix chromatiques audacieux et tranchés pour mieux souligner une architecture évoquant la bande dessinée, tout en restant lisible.
Mais c’est sur son gameplay que le jeu devient brillant. Car Chants of Sennaar est avant tout un jeu d’énigmes, où l’objectif sera de décrypter un par un la signification des symboles que l’on retrouve un peu partout, que ce soit dans le décor ou dans les paroles des habitants que l’on interroge. Il faudra comprendre comment se dit le “je” ou le pluriel par exemple, tandis que les verbes et certains adjectifs seront importants pour comprendre des phrases complètes, comme “aller” ou “construire”. Chants of Sennaar ne laisse pas le joueur gribouiller sur un carnet pour faire des hypothèses et met en place un système pour lui permettre d’inscrire lui-même dans le jeu les mots qu’il pense avoir retrouvé. Au bout d’un moment, des croquis apparaissent dans le journal, et ce sera au joueur d’associer les symboles pour valider les mots trouvés et enfin les remplacer dans les bulles de dialogues.
On pourrait croire que le jeu devient rébarbatif par l’idée de recommencer l’étude du langage à chaque étage, mais c’est sans compter l’ingéniosité de Rundisc pour varier les énigmes et environnements. En plus d’introduire des peuples aux préférences culturelles bien spécifiques (les militaire, les cultivés ou les scientifiques par exemple), Chants of Sennaar développe beaucoup son background par ses énigmes, car si certains mots sont communs entre les étages, d’autres sont vraiment associés à leur peuple respectif, aussi bien sur la signification que sur l’écriture elle-même, créant des symboles plus agressifs quand le peuple est militaire par exemple. Et bien évidemment, si le premier peuple ordonne ses mots comme on le ferait dans notre langue aux origines latines (un sujet, puis un verbe, puis un complément d’objet), ce n’est pas le cas des autres, et c’est le joueur qui devra comprendre comment chaque peuple organise ses phrases. Cela rajoute une vraie profondeur à l’univers, ou comment joindre les différences de langages dans les énigmes avec une croissance de la difficulté.
Chants of Sennaar s’impose alors comme une vraie leçon de jeu d’énigmes basé sur un système original. Il le fait surtout en ayant conscience de la difficulté à mettre le joueur sur la bonne voie sans le frustrer, et tous les outils à disposition permettent de ne jamais être perdu, à condition de ne pas faire de pauses trop longues pour ne pas oublier ce qu’il s’est passé, car certaines logiques comme l’ordre des phrases ne seront pas consignés. On pourra également un peu pester contre certains passages d’infiltration, heureusement rares, mais pas essentiels surtout dans un jeu comme ça. Pour le reste, si vous voulez titiller vos méninges avec une vraie et belle proposition, Chants of Sennaar est pour vous.
Chants of Sennaar / Développé par Rundisc / Sortie le 5 septembre 2023 / Disponible sur PC/Xbox One/PS4/Switch / Prix: 20 euros
[#film] - Nosferatu
Petit contexte concernant Nosferatu: si l’histoire du film vous évoque les aventures d’un autre comte vampirique, c’est normal. Le film original de 1922 produit par Prana Films en Allemagne était destiné à s’inspirer fortement du Dracula de Bram Stoker. La boîte de production n’ayant pas énormément de moyens, un scénario est rédigé en modifiant suffisamment de choses sur les noms et l’histoire pour ne pas être un plagiat total tout en faisant leur propre film autour du mythe du vampire et d’amener leurs propres thématiques. Dracula devient Orclock, Renfield devient Knock, Mina devient Ellen: les noms changent mais on retrouve beaucoup de similitudes, trop pour la famille Stoker. Mais malgré les tentatives de l’épouse de Stoker pour détruire les copies du film, le Nosferatu original réussit à survivre et à être restauré, à tel point que le vampire et son interprète, Max Schrek, deviennent une icône du cinéma. Après un remake en 1979 par Werner Herzog avec Isabelle Adjani, ce vampire mythique revient chez Robert Eggers en 2024, cinéaste déjà à l’origine de films folkloriques marquants comme The Vvitch, The Northman ou The Lighthouse.
Nous sommes dans l’Allemagne du XIXème siècle à Wisborg. Ellen Hutter est l’épouse d’un jeune clerc de notaire, Thomas, dont on vient de lui confier sa première mission. Un mystérieux noble d’une contrée lointaine, le comte Orlock, désire acheter une grande maison à Wisborg, mais il refuse de venir signer l’acte de vente, préférant le faire depuis son château. Thomas Hutter est alors envoyé sur place, sans savoir que le comte possède un lien psychique et obsessionnel avec sa femme Ellen depuis plusieurs années, et que tout ceci est une manœuvre pour piéger son mari et aller la rejoindre.
Premier point à concéder: Nosferatu possède une plastique incroyable. La photographie est somptueuse, jouant avec une belle désaturation qui apporte au film un aspect gothique indéniable. Certains plans sont marquants, notamment la partie au château qui alterne le froid silencieux de la cour avec la chaleur inquiétante et solaire de l’âtre de la salle à manger. Et si Nicolas Hoult et Lily-Rose Depp incarnent plutôt bien le couple Hutter, c’est les apparitions du comte Orlock qui donnent une vraie saveur terrifiante au long-métrage. La présente de cette icône est imposante à chaque séquence, et l’interprétation de Bill Skarsgård (souvenez-vous, le clown du récent Ça, c’était lui) est impressionnante, notamment grâce à une voix caverneuse qui emporte tout, un accent tout droit venu des Carpates et un design vraiment singulier, qui donne la sensation de sortir des Balkans.
Néanmoins, si vous cherchez un film d’aventure où la chasse aux vampires ferait foi, ce n’est pas dans Nosferatu que vous trouverez ça. De la même manière que le film original privilégiait une ambiance plus pesante et posée, la version d’Eggers joue sur une atmosphère pesante, sur cette histoire gothique et insidieuse entre Ellen et Orlock, sur la lutte de cette femme pour se libérer de l’emprise de cet être maléfique. Il faut se laisser porter par la beauté du film et la mélancolie qui s’en dégage. Si le personnage de Willem Dafoe vient apporter un peu d’excentricité dans cet océan de noirceur, Nosferatu nouvelle version reste un film de Robert Eggers, dont son style peut coincer avec certaines émotions. Il laissera parfois la détresse des personnages pour se concentrer sur cette ville qui se retrouve peu à peu étouffée par la présence d’Orlock. L’écrin du film devient sa manière de transmettre la cruauté du comte et les tourments des autres personnages, comme cette peur insidieuse qui se distille dans le ménage domestique, avec une froideur qui sied bien à l’atmosphère mais pourra en laisser certains sur le carreau. Compréhensif, mais ce serait passer à côté d’un somptueux conte horrifique.
Nosferatu / Réalisé par Robert Eggers / Avec Bill Skarsgård, Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Willem Dafoe / Sortie le 25 décembre 2024
[#bd] - L’enfantôme
Né en Seine Saint-Denis, Jim Bishop aurait pu faire croire à une paternité anglo-saxonne avec un nom pareil mais non, c’est un français bien de chez nous. Il se lance en 2015 dans la bande dessinée, officiant sur des livres jeunesses ou humoristique avant de créer sa propre histoire personnelle chez Glénat, Lettres Perdues, en 2021. On sent l’influence de l’animation japonaise, Miyazaki en tête, où dans un monde mélangeant les poissons et les humains, un jeune garçon attend une lettre. Petit succès avec quelques prix à la clé, il continue son office et sort Mon Ami Pierrot, partant cette fois-ci dans l’héroïc fantasy plus conventionnelle où Cléa, jeune noble, tombe sous le charme de Pierrot, un magicien des rues qui l’embarque chez lui pour lui montrer ses talents magiques.
L’enfantôme clôt ce que Bishop appelle sa “trilogie de l’enfance”: trois histoires qui tournent autour du passage à l’adolescence, de comment l’enfant grandit dans un monde d’adulte qu’il ne comprend pas. L’enfantôme se passe dans un cadre plus classique, ressemblant au nôtre: on y suit un adolescent surnommé “Le boutonneux” à cause de son violent acné, qui subit la pression sociale, à la fois par ses camarades qui se moquent de lui et par ses parents, le voyant échouer son parcours scolaire. Il est alors convoqué par le conseiller d’orientation de son école avec deux autres élèves, Mims et Dadou, pour écouter le terrible constat: ce sont les trois pires élèves de l’école, et le conseiller leur fait comprendre qu’ils ont intérêt à réussir l’examen de fin d’année, sinon les conséquences seront… mortelles. Ils ne prennent pas les menaces au sérieux, mais l’étrange comportement de leurs parents vont leur faire comprendre que quelque chose ne tourne pas rond.
Ses deux autres histoires étaient bien plus “magiques” mais avec toujours quelque chose de surprenant pour amener une histoire bien plus touchante que prévu. L’enfantôme lorgne bien plus vers de l’horreur fantasy, sans aller dans du gore mais plus dans quelque chose de dérangeant. Le genre d’horreur qui fait basculer le quotidien dans quelque chose de plus insidieux ou monstrueux, à la croisée entre du Chair de Poule et Junji Itô (oui, le spectre est large). Et Jim Bishop arrive à merveille à installer une atmosphère pesante, tout en parlant à l’adolescent qui est en nous, celui qui a pu se faire bully par ses camarades, ou qui échangeait ses méthodes pour trouver la dernière materia d’invocation de FF7 (cité dans le livre). Une retombée en enfance où notre principale priorité était de survivre et de réussir cet obstacle à la vie d’adulte qu’était le collège/lycée. Le “boutonneux” est un amalgame de toute ce stress que l’on pouvait ressentir en ramenant une mauvaise note ou en étant pas avec les “cools kids” de notre classe, et le style de Bishop, toujours bercé par les inspirations japonaises, arrive à toucher juste, entre cette nostalgie ambiante et la dureté de la vie du protagoniste. Peut-être y a-t-il une lourdeur dans cette volonté d’enfermer le protagoniste dans un monde où tout, ou presque, est contre lui, juste parce que ça en fait un contexte idéal, mais ça fonctionne.
Mais L’enfantôme ne reste pas cloisonné à ça. Comme Lettres perdues et Mon ami Pierrot, l’histoire révèle pas mal de surprises, notamment sur sa deuxième moitié, qui opère un virage surprenant et déroutant. Sans trop en dire, Jim Bishop parvient à aller au-delà de son postulat initial pour évoquer les conséquences dramatiques que tout ceci peut engendrer, à quel point la vie et celle des autres peut être impacté, et il le fait sans prendre de gants. L’aspect fantasy prend bien plus le dessus, et on apprécie de découvrir un nouveau pan de l’univers à travers un point de vue que l’on ne soupçonnait pas. Et on sent que l’auteur a bien amélioré son style depuis Lettres perdues. Le découpage est plus franc, plus assuré, la gestion des couleurs est plus maîtrisé et Bishop se permet même des changements de tons et de styles pour mieux gérer le choc de certains événements, avec beaucoup de talent. Une BD qu’il est difficile de décrocher avant la dernière page, et qui assoit Jim Bishop comme un auteur à suivre.
L’enfantôme / Jim Bishop/ Glénat / One Shot / 22,50 euros
Les films/séries gratos du mois
Ce mois-ci : le décès de deux grands réalisateurs, David Lynch et Bertrand Blier, font que les hommages se multiplient, avec la disponibilité de Lost Highway ou du film Twin Peaks. Mais c’est aussi la période des Oscars, et les films de grands réalisateurs comme Traffic ou Rencontres du Troisième Type débarquent gratuitement. Côté séries, M6+ régale avec l’intégrale de l’excellente série La fabuleuse Mme Maisel, à ne pas louper.
En bonus: une chaîne officielle de Warner Bros Youtube permet de lire quelques films dans leur intégralité, avec doublage FR et sous-titres FR pour la bonne majorité. On peut y découvrir quelques pépites comme Le bûcher des vanités de De Palma ou Mr Nice Guy avec Jackie Chan
Lost Highway (David Lynch - 1997)
Twin Peaks: Fire Walk with Me (David Lynch - 1999)
Sils Maria (Olivier Assayas - 2014)
Welcome to the Rileys (Jake Scott - 2010)
Decision to Leave (Park-Chan Wook - 2022 - jusqu’au 12/02)
Traffic (Steven Soderbergh - 2000)
Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson - 2021)
Good Kill (Andrew Niccol - 2014)
Noé (Darren Aronosfky - 2014)
Rencontres du troisième type (Steven Spielberg - 1977)
La mémoire dans la peau (Doug Liman - 2002)
Operation Fortune (Guy Ritchie - 2023)
6 jours 7 nuits (Ivan Reitman - 1998)
Little New York (James deMonaco - 2009)La fabuleuse Mme Maisel (5 saisons complètes)
Alias (5 saisons complètes)
Playlist du mois
Ce mois-ci, une sélection plus courte que d’habitude, avec une actualité musicale plus légère. Même si le jeu est sorti l’année dernière, la chouette BO de Metaphor: ReFantazio est enfin disponible, tandis que Amos Roddy revient délivrer ces nappes électroniques sur Citizen Sleeper 2. Côté ciné, on reconnaîtra le thème de Wallace et Gromit, tandis que l’ambiance sombre de Wolf Man saura angoisser comme il faut. Petit bonus avec la réinterprétation de Rock DJ de Robbie Williams que l’on entend dans son biopic Better Man, le fameux film où il est en singe, qui est plutôt pas mal.
La playlist 2025 version Spotify est également ouverte et, comme d’habitude, reprend les mêmes morceaux que la playlist Youtube mais avec des titres en plus. Avec une nouveauté: la playlist version Deezer (histoire de donner moins de thunes à Spotify)n avec les versions Deezer de celles de 2023 et 2024
» Accéder à la playlist Spotify de 2025
» Accéder à la playlist Deezer de 2025
Playlist Youtube accessible en cliquant sur l’image
Misc
La chaîne Calmos nous régale comme d’habitude avec un épisode consacré au film Les beaux Gosses et plus particulièrement son placement dans le genre teen movie
Passionnante histoire que cette première cyberarme par Micode qui décrypte toute l’affaire de bien belle manière
Retour sur le bide du dernier film Donjons & Dragons par EcranLarge, qui aurait mérité bien plus vu la belle surprise qu’était le film
Une heure de documentaire Arte pour peut-être percer les mystères autour du cinéma de David Lynch, parfait pour lui rendre hommage après son décès en ce mois de janvier
Une interview de Emmanuel Corno pour la chaîne Origami, narrative designer qui a pu intervenir sur plusieurs jeux comme Event[0]
Retour sur les mauvais chiffres du dernier Clint Eastwood, Juré n°2, que Warner a sacrifié dès sa sortie
Petit tour de la filmographie impressionnante et éclectique de Nicole Kidman chez Blow Up, une actrice aux choix assez osés
Quelle magnifique sélection ! Comme toi j'ai absolument adoré Chants of Sennaar et je suis ultra curieux de découvrir Nosferatu... J'avais adoré The Witch ainsi que The Lighthouse de Robert Eggers. Et même si son Northman m'avait un peu déçu, il est évident que c'est un réalisateur à suivre.
Quant au dernier Wallace & Gromit, à mon grand dam, je suis partagé. D'un côté je trouve que pouvoir découvrir un nouveau film des studios Aardman est une chance incroyable. Mais de l'autre, je ne peux m'empêcher de le comparer à The Wrong Trousers où apparaissait Feathers McGraw pour la première fois, et de constater que la mise en scène virtuose, cartoonesque en diable, et d'une inventivité folle... n'est plus vraiment là. La Palme de la Vengeance est un film (à mon goût) trop sage, trop bavard (?), et je l'ai vu avant tout comme un travail d'élèves appliqués... mais timides.
La scène de poursuite finale de The Wrong Trousers - éblouissante, jouissive comme pas possible, un miracle ! - reste inégalée je trouve : https://www.youtube.com/watch?v=jrmZIgVoQw4