#4 - Le bilan, calmement, en se remémorant chaque instant
Comme prévu, Revue s'arrête. L'année 2022 aura eu raison de cette plate-forme de newsletter, et si vous voulez poursuivre l'aventure, ça sera donc via Substack et cette adresse. N'hésitez donc pas à vous inscrire pour ne rien louper et commencer l'année 2023 avec un maximum de curations et de recommandations.
Pour le reste, l'année se termine avec cette petite voix qui vous demande de prendre du recul pour voir tout ce qui est arrivé dans ces 360 jours et quelques. C'est à ce moment-là qu'il faut choisir son camp: faire le bilan de ce qu'il s'est passé dans le monde et constater que ça ne s'arrange pas trop: un été qui ne fait que confirmer l'urgence climatique, Elon Musk qui finit de convaincre qu'il est loin d'être une personne digne de confiance, ou encore des élections présidentielles ne faisant que creuser la frontière entre deux bords politiques toujours plus sonores.
Mais on peut également faire le bilan à son niveau. Certes en n'oubliant pas le reste pour faire son petit chemin et tenter de changer les choses (ou non), sensibiliser, mais aussi de profiter des petites victoires, des petits plaisirs qui ont parsemé l'année, des rencontres, des moments de bonheur qui réussissent, contre vents et marées, à être plus marquants que n'importe quel moment de blues. Oui, c'est facile dit comme ça.
[#jeu vidéo] - Le top 2022
Une année marquée par quelques blockbusters importants, mais finalement peu nombreux. Microsoft n'aura sorti aucun gros jeu exclusif pour justifier la puissance de sa machine, Sony devra se contenter de “seulement” deux gros titres, et les éditeurs tiers préserve leurs cartouches.
Mais l'année 2023 promet déjà de belles heures de jeu avec un programme alléchant, rien que pour la première moitié de l'année: Final Fantasy XVI, Diablo IV, Zelda: Tears of the Kingdom, Star Wars Jedi: Survivor et autres jeux indés qui devront sortir sous peu, comme un certain Hollow Knight: Silksong.
ELDEN RING - From Software
Sans grande surprise, le dernier titre de From Software (Dark Souls) aura marqué bon nombre de joueurs. En reprenant la recette exigeante qui a fait son succès, le studio s'embarque dans une aventure grandiose en monde ouvert, offrant à chacun le plaisir de la découverte dans un univers de fantasy somptueux, où règne des seigneurs déchus sur un royaume surplombé par un arbre gigantesque.
Il n'y a pas meilleur exemple pour symboliser le sentiment d'aventure et d'exploration, tout en réussissant l'impossible: si les précédents jeux pouvaient laisser pas mal de joueurs sur le carreau à cause de sa difficulté, Elden Ring se sert de l'ouverture de son monde pour rendre son univers bien plus accessible. Bloqué par un boss difficile ? Pas de soucis, d'autres chemins s'offrent à vous, avant de revenir avec une arme bien meilleure ou une invocation surpuissante. Le GOTY, tout simplement.
SIFU - Sloclap
Les premières images vendaient du rêve à tous les amateurs de films d'arts martiaux et de la saga John Wick: une aventure où vous dirigez un combattant bien décidé à se venger en allant se confronter à quelques maîtres de la baston. Problème: chaque mort n'est pas synonyme de game over mais fera prendre de l'âge à votre héros, baissant votre barre de vie mais augmentant votre puissance de frappe. S'il passe un certain palier, c'est la fin de la partie et il faudra recommencer le niveau en cours à partir du plus jeune âge où vous avez débuté le dit-niveau.
C'est alors au joueur de refaire les anciens niveaux pour arriver aux suivants à un stade plus jeune, en améliorant ses compétences et son doigté. L'objectif sera d'apprendre au maximum de ses ennemis pour anticiper, observer et être de plus en plus fort, non pas par les compétences à débloquer mais bien par l'expérience. Exigeant, décomplexé et riche, Sifu peut décourager mais ceux qui persistent y trouveront un titre marquant et original, quoiqu'un peu court sur la durée.
MARVEL SNAP - Second Dinner
Jamais je n'aurais pensé sombrer dans un jeu mobile, encore plus free-to-play. La stupéfaction est double quand je tente de vendre ce produit typique d'une licence déjà essorée jusqu'à la moelle. Mais le constat est sans appel: Marvel Snap est un excellent jeu de deck building, parfaitement adapté à son support mobile et plutôt clean (pour l'instant) dans son modèle économique.
Les parties sont courtes (six tours, 5 ou 6 minutes de jeu) et plutôt simples à comprendre: chaque tour donne un point d'énergie, permettant de jouer des cartes de plus en plus puissantes sur un des trois emplacements chez chaque joueur. Chaque emplacement peut contenir quatre cartes, et la puissance est cumulée. Pour gagner la partie, il faut être le plus fort sur deux des trois emplacements. Mais chaque carte possède ses propres effets fixes (déplacements entre les zones, défausses, synergie), qu'on utilisera pour bâtir un deck qui fonctionne mais les emplacements eux-mêmes ont également des effets, aléatoires entre chaque session. Ça donne des parties riches, très variés et souvent surprenantes lors de retournements de situation spectaculaires. Addictif, on vous dit.
GOD OF WAR: RAGNARÖK - Santa Monica Studio
Difficile de passer à côté du gros jeu de cette fin d'année sur la console de Sony. Suite directe du soft-reboot de 2018, Ragnarök reprend quelques années après la fin du premier épisode. Atreus a bien grandi, les conséquences du premier opus les poursuivent encore, et comme la mythologie nordique ne cesse de le répéter, le Ragnarök est proche et c'est à Kratos et Atreus de déterminer si le destin peut être changé ou non. Long d'une trentaine d'heures, l'aventure est encore plus riche et variée qu'avant, élargissant tout le lore et offrant quelques très beaux rôles secondaires, notamment un Thor bien éloigné de l'image que l'on a appris à connaître, ou un Odin qui propose une facette vraiment étonnante.
Encore une fois, c'est sur la mise en scène que ce God of War surprend. Comme le premier, tout le jeu repose sur une caméra en plan-séquence, qui ne quittera jamais le protagoniste de vue avec une maestria et des idées assez folles, parfaitement en accord avec la dimension encore plus intimiste de l'histoire. Cette suite prend le temps de transformer un symbole masculin comme Kratos en un personnage de peu de mots mais bien plus profond qu'il n'y paraît. Evidemment, le gameplay est au diapason, avec des combats mieux amenés et un système de personnalisation complexe, voire parfois trop pour son propre bien. Un indispensable.
IMMORTALITY - de Sam Barlow
Du côté de la scène indépendante, Sam Barlow a déjà sa réputation faite avec deux jeux notables: Her Story et Telling Lies. Les deux sont marqués par l'importance de séquences filmées, avec de vrais acteurs, où le joueur doit observer les vidéos pour faire son enquête. Dans Immortality, le principe est le même. Marissa Marcel est une actrice qui a débuté sa carrière dans les années 60 mais n'a fait que trois films qui ne sont jamais sortis, avant que l'actrice elle-même disparaisse. Ça sera au joueur de naviguer entre les séquences de films, d'essais filmés, d'interviews ou n'importe quel support vidéo pour mener son enquête, en passant d'une scène à une autre simplement en cliquant sur un.e acteur.rice, objet ou élément du décor.
Si Immortality marque les esprits, c'est avant tout pour la qualité de sa production design. On a parfois à l'esprit des jeux du même genre avec des acteurs pas très doués ou un aspect visuel cheap. Ici c'est tout l'inverse: tout le casting est investi, principalement celle jouant Marissa Marcel, et le boulot effectué pour retranscrire le style des trois films est assez dingue. On reconnaît le côté gentiment sulfureux des années 60, la vague du Nouvel Hollywood des années 70 ou encore le début du visuel très numérique des années 90. Le jeu propose bon nombre de surprises, et on lorgne parfois du côté de Lynch: sans rien dévoiler, il faudra gérer le rembobinage pour découvrir ce qui se cache derrière ces séquences. S'il faut persévérer pour trouver le pourquoi du comment et ne pas avoir peur à simplement passer des heures à regarder des vidéos, l'expérience reste inoubliable.
[#bd] - Le top 2022
Une année riche de ce côté: les mangas bénéficient d'une vraie mise en lumière grâce à des rééditions d'oeuvres oubliés. Tous les éditeurs s'engouffrent dans la brèche et profitent pour récupérer des auteurs inédits et incontournables. Le comics connaît aussi des beaux jours, de même que la BD franco-belge avec quelques pépites bien de chez nous (Rochette ou Jérémie Moreau). Mais les matières premières sont toujours dans une situation délicate et l'année 2023 ne va pas arranger les choses sur les prix.
TOUTES LES MORTS DE LAILA STARR - Ram V & Felipe Andrade
Ram V est un auteur de comics qui devient de plus en plus important dans le paysage de la BD. Tout en continuant à assurer le scénario de plusieurs BD indépendantes (These Savage Shores et bientôt Blue in Green), il parvient également à assurer sur des titres DC comme Batman ou Swamp Thing. Pour Laila Starr, il va narrer l'histoire de la déesse de la Mort en Inde qui va se retrouver au chômage technique suite à la naissance d'un garçon qui est destiné à trouver un remède contre la mort. Elle va se réincarner en Laila Starr, jeune femme paumée mais qu'elle va utiliser pour tenter d'éliminer le garçon et retrouver sa place.
Soutenu par les dessins magnifiques de Filipe Andrade, Laila Starr se dévoile petit à petit, dans toute son intimité. A travers une culture indienne qui est étroitement lié à une spiritualité forte, Ram V dévoile une histoire sacrément touchante, où la Mort elle-même va comprendre l'importe de la vie humaine en allant au plus près d'eux. Un indispensable qui a la bonne idée d'être un one shot.
FOOL NIGHT (3 tomes sortis) - Kasumi Yasuda
Avec toute la production de manga qui sort, difficile de trouver quelque chose d'original. Et c'est exactement cette fraîcheur qui ressort de Fool Night. Son pitch repose sur un concept intriguant: le monde est recouvert depuis un siècle par un nuage empêchant le soleil de passer. Sans soleil, pas de végétaux. Des opérations de transfloraison apparaissent alors: un humain peut choisir de se sacrifier et se transformer en plante, en échange d'une forte somme d'argent qu'il pourra dépenser pendant qu'il le peut encore. On suit alors un jeune homme qui se lance dans cette opération mais se découvre un étrange pouvoir.
Si Fool Night marque les esprits, c'est avant tout par son trait et son dessin, atypique, caractérisant les personnages par un style que l'on voit peu. La mise en scène très cinématographique cherche aussi à créer un climat particulier, qui donne au manga quelque chose de véritablement unique. Petit à petit, on découvre les diverses ramifications de ce monde, les soucis que ce genre d'opérations causent, ou notamment la dimension politique (comment ponctionner de l'argent au contribuable pour financer l'enveloppe donné à ceux qui font l'opération ?). Polar, SF, politique, en trois tomes seulement, l'ambition du mangaka force le respect et on a hâte de voir la suite.
HOKA HEY ! - Neyef
Le label 619 a vu éclore tout une génération d'artistes talentueux, tout d'abord grâce à Run et son Mutafukaz, et ensuite par Doggy Bags, Grocery et d'autres, qui ont lancé Guillaume Singelin, Mathieu Bablet, Baptiste Pagani ou encore Neyef. Ce dernier s'est lancé avec Hoka Hey ! dans un récit se déroulant au Grand Ouest, à l'époque où les amérindiens sont parqués dans des réserves pour disparaître peu à peu. Un jeune garçon lakota, Georges, est récupéré par Little Knife et sa bande, des natifs américains cherchant à se venger de meurtriers. Ils doivent traverser les états américains pour y arriver.
Hoka Hey ! est déjà une oeuvre somptueuse, baignée par les dessins splendides de Neyef qui représente la beauté des lieux grâce à des couleurs toujours adéquats. Mais c'est surtout dans son histoire sans concession que Hoka Hey ! transporte le lecteur dans un tourbillon de violence et de colère froide, avec des personnages marquants et des rebondissements digne des plus grands westerns. On regrettera peut-être le côté un poil didactique des dialogues, parfois trop forcés pour sentir que l'auteur s'est fortement documenté pour que l'histoire reste cohérente, mais la BD reste hautement recommandable.
LOOK BACK - Tatsuki Fujimoto
Chainsaw Man a été un manga à part pour ceux qui ont tenté l'aventure. Un manga de sale gosse, jouant sur les codes du shonen pour tout détourner, avec l'illusion que tout part dans toutes les directions, pour au final prend régulièrement à contrepied le lecteur sur la nature même du héros de shonen: pourquoi vouloir un héros sans peur et sans reproches quand celui-ci veut juste être un quidam qui veut profiter des choses simples et se battre pour ça ? Look Back, one-shot sorti en début d'année, confirme le talent du mangaka dans sa capacité à confronter deux visions du monde: celle que l'on fantasme à travers la fiction et celle que l'on a réellement.
Look Back raconte les aventure d'une lycéenne, Fujino, populaire dans sa classe mais également célèbre pour les dessins qu'elle publie pour le journal de l'école, que tout le monde apprécie. Mais elle fait la rencontre de Kyomoto, autre élève qui ne vient plus en classe et reste chez elle à dessiner sans relâche pour pouvoir être aussi un jour publié dans un journal. Les deux vont se rencontrer et confronter leur visions. A travers ce point de départ, Fujimoto raconte comment chacun tente d'aller jusqu'au bout de ses rêves, autant pour ceux qui travaille d'arrache-pied pour y arriver que ceux qui en profitent pour s'élever au-dessus d'eux sans effort. Une histoire bouleversante et superbement mis en scène. Un one shot indispensable, qui sera suivi d'un autre prévu pour le début de l'année prochaine, Goobye Eri.
[#films] - Le top 2022
Une année cinéma étrange, où se côtoient des déceptions (l'animation chez Pixar et Disney) et des surprises (le retour en force de Dreamworks), et l'impression qu'il faut donner aux créateurs la liberté et les moyens de leurs visions et de les laisser faire. Le multivers chez les Daniels est bien plus pertinent que dans un canevas comme celui de Marvel. Seule exception des gros studios: Cameron confirme encore une fois son rôle de faiseur et d'auteur. On pourra contester la qualité du scénario d'un Avatar 2, surtout quand il donne la sensation de préparer le terrain à la suite de la saga, mais l'efficacité de la mise en scène, la simplicité et la clarté de thématiques fortes font de cette suite un blockbuster qui enterre facilement le reste de la concurrence. Une concurrence toujours coincé dans la blague méta ou l'univers partagé, au-delà de toute considération technique ou artistique.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE - Les Daniels
Après le très bizarre mais étonnant Swiss Army Men, les Daniels récidivent en invitant Michelle Yeoh au coeur d'une famille chinoise qui se découvrent des super-pouvoirs via le Multivers, tout ça pour empêcher l'avènement d'une personnalité maléfique qui jurent de détruire tous les univers. Un concept qui surfe sur la tendance du moment, mais promet bien plus d'idées aussi crétines les unes que les autres mais terriblement réjouissantes. En se basant sur les compétences de chacune des variations d'univers, les personnages peuvent récupérer des capacités et ainsi parvenir à leurs fins.
Mais EEAAO a plus d'un tour dans son sac, puisque le multivers est aussi l'occasion de parler de la famille, et plus spécifiquement des regrets que l'on peut avoir sur ses choix de vie, sur ces chemins que l'on a délaissé et qui aurait pu conduire à une toute autre situation. Tout ça au travers d'une famille éclatée, où le mari désire le divorce et où la fille n'arrive pas à se sortir de l'étouffement qu'elle subit avec sa mère. Une œuvre somme, touchante, drôle et bouleversante.
AS BESTAS - Rodrigo Sorogoyen
Après El Reino et Madre, Sorogoyen est monté très haut dans la liste des réalisateurs internationaux que je suis de près. As Bestas était évidemment surveillé du coin de l'oeil, et il n'a pas déçu. On suit les aventures d'un couple français (Denis Ménochet et Marina Foïs) parti vivre dans un petit village espagnol pour y cultiver des légumes et rénover quelques maisons. Mais les locaux ne sont pas forcément ravi de voir des étrangers chez eux, et surtout se mêlant d'affaires qui ne les regardent pas
As Bestas parvient avec brio à reprendre les codes du thriller avec une sombre histoire de voisinage, et c'est ce qui le rend aussi fascinant: parvenir à saisir le quotidien pour le rendre dangereux. Luis Zahera est bluffant en fermier vindicatif qui s'oppose à Ménochet, massif mais touchant. La confrontation entre les deux permet d'avoir des séquences de dialogue absolument tétanisant, où le regard, la barrière des langues et les longs silences font un mélange explosif et sous tension. Un indispensable.
RRR - S.S Rajamouli
Le cinéma indien a franchi depuis quelques années les frontières, mais RRR monte la barre encore plus haut, parvenant à proposer un blockbuster qui met tout le monde d'accord. A travers une histoire d'amitié prenant place dans une Inde coloniale où les méchants anglais terrorisent les habitants (évidemment c'est un film patriotique), RRR place tous les ingrédients d'un grand spectacle d'une inventivité folle.
Ne cherchant jamais à rationnaliser les actions et le scénario, le film est constamment dans la recherche de l'iconisation, de l'héroïsme spectaculaire au sein d'une bromance démesurée. Les personnages ne sont jamais pris à défaut et toujours au meilleur de leur forme, mais le plaisir des séquences est telle que les 3h (!) passent sans problème.
NOPE - Jordan Peele
Jordan Peele a gagné ses lettres de noblesse avec Get Out (un peu moins avec Us) à travers le cinéma d'horreur et une sensibilisation à des thématiques actuelles. Nope joue également sur ce registre mais depuis son premier film, Peele a pris de la bouteille et ça se sent. En jouant à fond la carte du mystère où l'on suit un frère et sa soeur qui reprennent le ranch familial et sont témoins d'un évènement inexplicable, Peele mise tout sur la surprise mais pas que.
Car même si le mystère est rapidement éventée (quoique), c'est la mise en scène qui bluffe par sa capacité à distiller de sérieux moments de suspense, prenant le temps d'installer le contexte pour mieux saisir le spectateur. Que ça soit des mystérieux flashbacks intenses alors qu'on cherche encore la signification pendant le film, ou une scène sous une “pluie” qu'on ne spoilera pas, Nope n'est pas vraiment flippant mais joue tout sur l'inconnu et les références qu'il convoque, allant de la filmographie de Spielberg à l'animation japonaise. Un vrai bon moment de cinéma, non sans défauts, mais réellement plaisant.
[#séries] - Le top 2022
2022 aura été une année très forte niveau séries. Alors même que le nombre de plate-formes est déjà ahurissant (Netflix, Prime, Apple, Disney+, OCS, Salto) d'autres s'ajoutent à la fête, et il devient impossible d'avoir une vision globale du paysage télévisuelle tant le nombre de productions a explosé. Forcément, le piratage reprend ses droits quand on voit à quel point le catalogue est éclaté un peu partout, mais difficile de ne pas trouver chaussure à son pied.
SEVERANCE (Saison 1 - 9 épisodes) - Apple TV+
Apple a le mérite de ne pas noyer le spectateur sous une multitude de séries, tout en ayant une gamme de séries assez qualitative. Severance est une de ses séries, et probablement l'une des nouveautés les plus marquantes. Imaginez une entreprise où les employés doivent switcher de personnalité à chaque fois qu'ils démarrent une journée, afin de garder les informations confidentielles en dehors du lieu de travail. Chaque personne se retrouve donc avec une version au boulot (prisonnière de ces lieux) et une autre qui vit sa vie personnelle et qui a accepté de sacrifier sa vie professionnelle pour ne plus jamais y penser.
Ce concept fort tombe parfois à plat mais est ici brillamment mis en scène par Ben Stiller, qui s'attache les services d'un casting impeccable, mené par Adam Scott. L'histoire fait mouche, joue à fond la carte du mystère sur le rôle réel de cette entreprise et du caractère moral sur sa spécificité pour garder ses secrets. La métaphore du monde du travail est évidemment évident, mais cela fonctionne parfaitement sur ces neuf premiers épisodes.
BETTER CALL SAUL (Saison 6 - 13 épisodes) - Netflix
Après la série mère Breaking Bad et le film-conclusion El Camino, le spin-off sur l'avocat véreux Saul Goodman tire sa révérence avec cette saison finale fantastique. Les créateurs s'amusent toujours autant sur la temporalité, encore plus ici, où le duo Jimmy-Kim est au centre de cette saison, et finalement de la série entière. Les questionnements moraux sont toujours au coeur des thématiques, comme l'était Breaking Bad, mais ici tout est plus subtil, plus personnel, plus insidieux.
Jimmy/Saul n'a jamais été autant à fleur de peau qu'ici, tous les arcs narratifs trouvent une forme de conclusion pour faire le lien avec le début de Breaking Bad, et si on note quelques facilités de fan service ici et là, la qualité globale emporte tout le reste, et font de Better Call Saul une série magistrale, avec des débuts compliqués mais un rythme de croisière excellent.
ATLANTA (Saisons 3 & 4 - 20 épisodes) - OCS
Après une attente de près de quatre ans, Atlanta tire enfin sa révérence, en diffusant coup sur coup les deux dernières saisons sur une seule année. Donald Glover/Childish Gambino profite de ce temps de réflexion pour aller plus frontalement critiquer l'état de la société américaine, sur la représentation afro-américaine, et n'hésitant pas à frapper là où ça fait mal, dans toutes les communautés.
Dans cette saison 3, on suivra le rappeur Paper Boi et toute sa clique à travers une tournée européenne, l'occasion de visiter quelques lieux tout en restant le temps de quelques épisodes aux USA. Mais la saison 4 reviendra aux bases, et délivrant des épisodes assez incroyables: on pense à ce faux documentaire sur le personnage de Dingo et notamment le film Dingo et Max, ou encore toute une plongée dans un faux studio de cinéma privilégiant des films crées pour la communauté afro-américaine. Une série forte et indispensable.
ANDOR (Saison 1 - 12 épisodes) - Disney +
Difficile de retenir une production télévisuelle Disney (Marvel et Star Wars) qui marque tant la qualité était globalement médiocre (Boba Fett, Moon Knight, She Hulk). Mais alors que tout espoir était perdu, Andor vient relever sacrément le niveau, alors même que le projet ne vendait pas du rêve. Mettant en scène Cassian Andor, l'officier que l'on découvre dans le film Rogue One, la série raconte comment il va rejoindre la Rébellion, alors même que celle-ci commence petit à petit à émerger tandis que l'Empire resserre son étreinte.
Là où la série surprend, c'est dans son traité premier degré et la façon dont l'Empire est décrite. On n'y voit pas des stormtroopers éliminer gratuitement des habitants, mais on montre plutôt la façon dont elle s'est installé dans la société, s'associant avec les milices privées ou se servant d'institutions historique dans son propre intérêt. On y voit plusieurs strates, plusieurs niveaux de lecture, autant du point de vue du Sénat que celui des prolétaires subissant la répression, tout en mélangeant des genres comme le film de casse et ne délaissant pas le spectacle. Des petites longueurs par endroits, mais probablement la meilleure série Star Wars sortie à ce jour.
La playlist de l'année
Pour fêter la fin d'année comme il se doit, on va monter en gamme et proposer une sélection de 30 morceaux, avec des découvertes, des surprises, principalement issues de films, séries ou jeux vidéos sortis cette année. Je vous laisse découvrir tout ça ci-dessous.
AIGRIE CULTURE VOL.4 / ANNEE 2022
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