Difficile de parler culture en oubliant le temps d’une lecture ou d’un visionnage le climat anxiogène que l’on a en ce moment. Aavec des tensions politiques de toute part, que ce soit en France ou à l’international, ce début d’année est particulièrement virulent quand on voit la stupidité des gens qui nous gouvernent et qui tiennent la planète entre leurs mains. Côté USA, Donald Trump s’affiche comme un porte-étendard d’une Amérique plus puissante pour certains, détruisant pan par pan les infrastructures américaines qui ont l’outrecuidance d’aller à l’encontre de l’enrichissement de la première puissance mondiale, que ce soit les aides humanitaires ou les scientifiques liés au climat, tout en critiquant les européens et en se rapprochant de la Russie.
Mais aux USA, la culture en pâtit également. La censure et les intimidations sont légions. Là où chaque état avait le droit de censurer telle ou telle oeuvre, notamment les livres selon leur bon vouloir, l’administration Trump va plus loin et use de son pouvoir fédéral pour censurer toujours plus. Que ce soit le Smithsonian qui voit ses financements publics suspendus pour toute exposition évoquant les questions raciales ou la censure autour de toute mention gouvernementale concernant les droits LGBTQ+, tout ce qui est trop “woke” pour Trump doit dégager, purement et simplement. Fini certaines représentations publiques, beaucoup d’artistes tentent de protester, comme la troupe de Hamilton pour dénoncer la prise de contrôle sur le Kennedy Center, institution culturelle qui va devoir revoir sa programmation. Le pays va au devant d’une dangeureuse censure culturelle sans précédent, sous prétexte que certaines oeuvres “woke” n’ont pas leur place dans des institutions aussi prestigieuses. C’est un peu facile de faire le raccourci avec l’époque de l’art dégénéré en 1937, que Luz évoque dans Deux filles nues, mais on n’est finalement plus si loin.
Restons dans le délicieux pays de liberté que sont les Etats-Unis d’Amérique avec la communauté des artistes de comics, qui ont opéré il y a quelques semaines une fronde contre la rémunération chez Marvel. On le savait depuis un moment, les dessinateurs de comics (planches intérieurs ou couvertures) ne sont pas les mieux rémunérés, loin de là. Le prix de base d’une planche est de 160 dollars pour les crayonnés, et de 90 dollars pour l’encrage, deux éléments pris en charge par les dessinateurs eux-mêmes pour éviter d’avoir un salaire moindre à la fin du mois. En sachant qu’un dessinateur peut difficilement faire plus qu’un numéro par mois (ce qui peut aller de 20 à 30 pages), le salaire mensuel n’est pas énorme.
Mais cette fronde arrive pour dénoncer un raz-le-bol général, poussé par l’artiste Dustin Nguyen, et épaulé par d’autres comme Sean Murphy et Zoe Thorogood. En effet, les artistes peuvent toucher des royalties sur les ventes du comics, seulement si ces ventes sont suffisamment bonnes. Et encore, ces royalties sont petits, de l’ordre de 4,5% pour du physique et 7% pour du numérique, à se partager avec le scénariste. Là où c’est problématique, c’est que le contrat de Marvel stipule que l’artiste ne peut rien toucher lorsque son album est traduit dans une autre langue que la langue anglaise. Résultat: pour toutes les ventes faites en France, Allemagne ou Espagne par exemple, l’artiste qui est à l’origine de ce livre ne touche absolument rien.
DC Comics est un peu plus coulant sur la question mais n’est pas non plus un des plus rémunérateurs, c’est pourquoi bon nombre d’artistes partent chez des éditeurs indépendants comme Vault, DSTRY ou Image Comics, qui laissent les droits de leurs oeuvres aux artistes pour qu’ils puissent être rémunérés de façon juste. Une revendication légtitime de la part de ces artistes, et on espère que cela trouvera écho chez le géant américain.
[#série] - Paradise
Vous vous souvenez de This is Us ? Oui, ce fameux mélo mettant en scène une fratrie qui se remémore les souvenirs de leurs parents quand ils étaient enfants afin d’avancer dans leur vie. Au-delà du concept qui pourrait paraître mielleux, la série possédait une efficacité redoutable pour vous faire lâcher des larmes. Quel rapport avec notre sujet ? Dan Fogelman en était le créateur et le scénariste, et il a embarqué avec lui un des acteurs du show (Sterling K. Brown) pour aller créer sa toute nouvelle série: Paradise.
Une petite communauté paisible vit dans une bourgade américaine typique, avec les fameuses banlieues que l’on connaît tous et quelques personnalités assez connues, comme le président américain Cal Bradford (James Marsden) qui possède une luxueuse villa dans le coin. Xavier Collins est le chef des services secrets en charge de protéger le président. Lors d’une matinée somme toute classique, Xavier rentre dans la villa pour commencer sa journée mais trouve le président mort, dans sa chambre. Il fait tout pour éviter la panique, mais il constate très vite qu’il est face à un assassinat et qu’il va devoir trouver le meurtrier.
Difficile d’en dire plus, car Paradise garde pas mal de mystères sous le coude, et qu’il serait dommage de révéler tous les tenants et aboutissants. La série est principalement construite autour de plusieurs personnages qui gravitent autour de Xavier, comme Samantha “Sinatra” Redmond (Julianne Nicholson), une riche femme d’affaires mais aussi bras droit du président américain sur plusieurs gros projets, ou encore Nicole Robinson (Krys Marshall), le +1 de Xavier qui veut aussi découvrir la vérité, tout en étant la maîtresse du président assassiné (et potentiellement une suspecte). Chaque épisode est l’occasion d’en apprendre plus sur les personnages à l’aide de flashbacks, se concentrant sur leurs motivations et les secrets qu’ils cachent aux autres. Un procédé classique, mais Dan Fogelman maîtrise ce genre de structure à la perfection, distillant les infos petit à petit sur ces huit épisodes, culminant avec l’avant-dernier qui permet de recouper une grande partie des enjeux émotionnels des personnages.
On ne va pas chercher à survendre Paradise plus que ce qu’il est: un thriller vraiment efficace, qui tient par sses mystères qui trouvent leur réponse au fur et à mesure et un contexte intéressant, posé dès la fin du premier épisode. Il parvient à ne jamais s’essouffler et à tenir le spectateur en haleine le temps que ça dure. La mise en scène est bonne sans être exceptionnelle, et toute l’intrigue tient grâce à sa science pour distiller les informations sans frustrer le spectateur: on a envie de voir le prochain épisode pour découvrir où tout cela va mener. Rien de révolutionnaire, mais Paradise retrouve cette petite saveur des années 2000 à l’ère de Jack Bauer qui, sous couvert d’une série américaine parfois cliché, parvenait à investir le spectateur dans une intrigue aux enjeux accrocheurs, sans subtilité, mais suffisamment divertissante pour apprécier une oeuvre qui n’a pas besoin de révolutionner le genre. Paradise est exactement ça: un thriller bien troussé, qui ne restera pas en mémoire parmi les plus grandes séries, mais qui possède un capital sympathie grâce à une galerie de personnages stéréotypés mais vraiment bien campés. Mention spéciale à James Marsden qui campe un président américain à mille lieux de la réalité actuel - un ersatz d’un Reagan sympathoche qui n’a pas complètement conscience de ce qui se trame autour de lui mais débordant de sincérité. Paradise ne brille pas par son originalité, mais sa rigueur d’écriture dans la trame de ses personnages et de ses twists la transforme en une de ces séries qui se discutent autour de la machine à café.
Paradise / Créée par Dan Fogelman / Avec Sterling K Brown, Julianne Nicholson, Sarah Sahi, James Marsden / Une saison (8 épisodes) disponibles sur Disney +
[#jeu vidéo] - Nine Sols
Si les studios de jeux vidéos indépendants viennent de partout sur le globe, certains pays sont plus rares que d’autres dans l’industrie vidéoludique. C’est le cas pour Red Candle Games, studio taïwanais qui a déjà travaillé sur deux jeux d’horreurs psychologiques sorti en 2017 et 2019, Detention et Devotion. En 2024, leur troisième jeu sort enfin sur PC et explore un nouveau genre pour les développeurs: Nine Sols.
Metroidvania qui use de la renommée d’un certain Hollow Knight comme tant d’autres pour proposer sa propre recette, Nine Sols prend place dans un univers futuriste et dystopique, mélangeant des inspirations venus du taoïsme et de la mythologie asiatique avec du cyberpunk. Un curieux mix qui apparaît une fois en jeu complètement cohérent avec le lore qui est développé. On y dirige Yi, un héros légendaire qui fait partie des Sols, un groupe de dix personnages qui ont gravi l’échelle sociale de leur peuple, à l’apparence de chats, qui ont dû fuir leur planète natale à bord de leur vaisseau gigantesque, la Nouvelle Kunlun. Ils vont débarquer sur une nouvelle planète où vivent des humains et décident d’exploiter leur manque de connaissances et leur naïveté pour se faire passer pour des dieux et s’en servir pour leurs expériences. Yi se fait trahir par son mentor et est récupéré par un des humains du coin, et décide de partir dans ce vaisseau pour ce venger des neuf autres Sols afin de reprendre le pouvoir.
Un pitch aguicheur qui donne de la voix à un personnage avec beaucoup de choses à se reprocher. Cela permet à l’intrigue de proposer quelques surprises, notamment à travers un hub central où le joueur pourra se téléporter n’importe quand s’il trouve un checkpoint pour y venir se reposer, améliorer son équipement ou simplement discuter avec certains alliés qui s’y trouvent et développer leur caractère. Un choix bienvenu. Dans un contexte vidéoludique où les metroidvania se content du minimum scénaristique, Nine Sols fait le pari de mettre plus d’emphase sur le scénario afin de donner du contexte aux décors que l’on traverse, sans aller non plus jusqu’à mettre des cinématiques partout. Mais rien que le fait de placer quelques enjeux suffit à motiver à aller plus loin. Pour le reste, Nine Sols se présente comme un metroidvania classique, avec une grande map à explorer qui renferme pas mal de secrets et des endroits seulement accessibles après avoir débloqué la bonne capacité.
Si le backtracking de ce genre de jeu (comprenez: devoir régulièrement revenir dans un endroit déjà visité) est légion, on aurait aimé avoir des compétences de base débloqués plus tôt comme le dash aérien, afin de varier les combats du début qui paraissent un peu limités dans leurs possibilités. Car Nine Sols repose beaucoup sur son système d’attaque et de défense, s’approchant d’un Sekiro dans la prise de risque demandée. Concrètement, si le joueur appuie sur la touche de défense, Yi pourra se protéger l’espace d’une seconde contre toute attaque, en prenant quand même un dégât temporaire qui se soigne au fil du temps. Si le joueur parvient à faire la parade parfaite - appuyer sur la défense pile au moment de l’attaque - il bloquera complètement l’attaque sans prendre de dégâts. Un système plutôt dynamique et reposant avant tout sur la parade pour gérer les ennemis et ne pas se retrouver submerger, ce qui donne parfois des moments très satisfaisants lorsque votre personnage arrive à parer un combo redoutable d’un ennemi avant de l’achever par une explosion de talisman. Nine Sols demande au joueur de prendre le risque de jouer sur la parade, quitte à prendre du dégâts si le timing n’est pas parfait. Un dégât certes temporaire, mais qui ne pardonne pas si on pare dix coups et qu’on rate le dernier, parce que la barre de vie est déjà quasiment vide. On aura bien une esquive qui demande un petit cooldown, mais les boss difficiles que l’on rencontre vous feront bien vite comprendre que ça ne suffira pas, et que gérer la parade parfaite sera essentielle pour s’en sortir.
Car Nine Sols est très difficile. A tel point que le jeu propose un mode “histoire” dans les options permettant de réduire drastiquement les dégâts subis ou d’augmenter les l’attaque. Cette option peut aussi se paramétrer comme l’on veut, une véritable bouée de sauvetage qui permet de doser sa partie comme on l’entend et ne pas rendre toute l’aventure frustrante. Si l’exploration se fera prudemment mais reste accessible, jouant à fond sur des raccourcis que l’on peut ouvrir ou certains pièges à activer, ce sont les boss qui donneront le plus de fil à retordre. Les premiers peuvent passer, représentant déjà un sacré mur qui demande au joueur de maîtriser la parade parfaite pour ne pas se faire humilier en quelques secondes. Mais certains demanderont des réflexes ahurissants. Si les jeux difficiles ne sont pas nouveaux dans le jeu vidéo, celui-ci impose un vrai skill à acquérir au prix de nombreuses défaites. Le personnage peut améliorer sa barre de vie ou équiper des objets pour s’agrémenter de quelques bonus, comme se soigner plus rapidement ou ne pas subir de recul en cas de parade. On peut également poser un talisman sur l’ennenmi pour le faire exploser. Mais Nine Sols reste plutôt limité dans ses possibilités, contrairement à un Sekiro qui propose multitude d’objets ou de capacités pour élargir la marge de manoeuvre. Ici, c’est le skill du joueur ou la défaite, ce qui aurait pu rebuter bon nombre de personnes sans l’option accessible.
Mis à part ce ticket d’entrée, Nine Sols reste un chouette metroidvania, qui possède une difficulté assez rude et quelques petits défauts, notamment dans son bridage de capacités initial pas forcément justifié ou une carte de l’environnement pas des plus pratiques. C’est un jeu qui possède un univers atypique et singulier, mélangeant la culture chinoise et taoïste avec des relents de science-fiction qui se mixent bien ensemble. Et le tout est porté par un graphisme somptueux, avec une animation de personnages vraiment réussie et une esthétique qui marque les esprits. Une belle petite curiosité.
Nine Sols / Développé par Red Candle Games / Sortie le 29 mai 2024 / Disponible sur PC (Steam), PS5, Xbox Series X (GamePass) / Prix: 29 euros
[#série] - Adolescence
Sortie le 13 mars dernier, Adolescence est une mini-série britannique sur Netflix qui a su se démarquer du reste de la concurrence et a explosé en popularité. 4 petits épisodes, produits par Stephen Graham et Jack Thorne. Stephen Graham n’en n’est pas à son premier coup d’essai, c’est un acteur anglais avant tout qui a tourné souvent dans des seconds rôles, l’un des plus marquants étant dans le Snatch de Guy Ritchie. Il a su se diversifier en produisant certaines oeuvres, mais se révèle à travers un premier rôle dans le film The Chef, où il incarne un chef de cuisine dans un restaurant londonien à la mode, le tout dans un seul plan-séquence. Le film eut un vrai succès d’estime, jusqu’à devenir une suite sous forme d’une série. Mais le réalisateur Philip Barantini n’en n’avait pas fini avec Stephen Graham, et les deux planchèrent alors sur une mini-série pour Netflix, Adolescence, où chaque épisode serait un seul plan-séquence.
Adolescence débute à l’extérieur de la maison des Miller, une famille banale dans une quelconque banlieue anglaise composée de quatre personnes, qui à priori n’a rien à se reprocher. Mais on se rend compte que des policiers encerclent la maison, et quelques minutes après, ils déboulent à l’intérieur pour embarquer Jaime Miller, 13 ans, accusé du meurtre d’une de ses camarades de classe. Abasourdi par la situation, le reste de la famille suit la police jusqu’au comissariat pour comprendre toute cette histoire et tenter de défendre leur fils.
Si le dispositif du plan-séquence n’a rien de nouveau pour le grand public depuis quelques années, s’amusant régulièrement de cet effet de mise en scène pour apporter un réalisme et une crédilité à la séquence en la dévoilant en temps réel, on se retrouve parfois avec un gimmick un peu gratuit, souvent triché pour camoufler les raccords. Dans Adolescence, l’équipe de tournage a travaillé en amont du tournage de la série pour tourner chaque épisode d’une durée qui oscille entre 50min-1h dans un vrai plan-séquence, au terme de beaucoup de répétitions et de plusieurs prises complètes afin de sélectionner la meilleure. Un casse-tête technique qui aurait pu être vain si le dispotitif n’était pas cohérent avec ce que la mini-série raconte. Car Adolescence n’est pas vraiment une oeuvre policière, mais plutôt un regard critique sur le monde adolescent d’aujourd’hui, mais aussi sur la parentalité, le partiarcat et la mysoginie toxique qui peut émerger des réseaux sociaux et d’Internet. On le sait, l’époque actuelle est propice à propager des messages parfois virulents via les réseaux, et la série parle de ces adolescents régulièrement exposés à des contenus sexistes, visant souvent à défendre une vision de la masculinité violente et radicale, comme peut le faire Andrew Tate (qui est cité directement dans la série).
Chaque épisode est donc tourné autour d’un évenement particulier reliant cette affaire, à plusieurs instants importants, suivant les personnages qui gravitent autour de Jaime. Chaque épisode vient étayer le propos de cette jeunesse connectée, qui construit son propre code, qui s’émancipe de leurs parents à travers leur profil Instagram, où les likes et les emojis comptent bien plus pour eux que la réalité. La réputation, la demande de reconnaissance, le rapport homme/femme: autant de choses que l’adolescent.e découvre par soi-même, étouffé.e par leurs scrollings. Des thématiques fortes, où le plan-séquence vient renforcer le sentiment d’étouffement et de pertes de repère des adultes qui sont au centre du dispositif, où les adolescents deviennent presque des personnes à redécouvrir. Ces longues séquences en temps réel immergent le spectateur pour mieux saisir les nuances des personnages et leur caractère abrasif dans cette communauté scolaire toxique. Une réalité brutale, soulignée par les parents, dont un Stephen Graham qui incarne ce père complètement déboussolé. Owen Cooper qui incarne Jaime et pour qui c’est son premier rôle, foudroie l’écran tant il est impressionnant de justesse et de colère contenue. Ici, les parents ou les adultes, que ce soit le père de Jaime, l’inspecteur chargé de l’enquête ou la psychologue qui s’entretient avec Jaime, tous sont impuissants face à une adolescence qui s’est complètement embarquée dans une toxicité virtuelle, alimentée par l’éducation de parents absents ou largués.
C’est aussi ça qui marque le public: si le père de Jaime essaye de contenir sa colère, il n’apparaît pas comme quelqu’un de violent ou de sensiblement problématique comme on peut le voir dans des oeuvres du même genre, expliquant pourquoi l’adolescent a des problèmes. Non, ici, les parents sont tout à fait normaux, et c’est ce qui rend le drame aussi douloureux, où chaque parent peut se projeter très facilement. Adolescence est donc une série qui marque par son propos très actuel et sa justesse avec laquelle elle traite le sujet. Loin d’être un gimmick, le plan séquence est là pour souligner avec beaucoup de maîtrise tout ce dont parle la série. Tout est au service des thématiques et permet de faire sortir la série du lot, jusqu’à la transformer en une des séries importantes de l’année. Rien de moins.
Adolescence / Créée par Jack Thorne & Stephen Graham / Avec Stephen Graham, Owen Cooper, Ashley Walters, Erin Doherty / Mini-série (4 épisodes) disponibles sur Netflix
[#comics] - Fire Power
On a déjà parlé dans ces lignes de Robert Kirkman, scénariste qui aura pondu le carton Walking Dead en comics, mais aussi qui a lancé l’univers Energon récemment. Le scénariste a l’occasion de s’aventurer dans plusieurs genre comme la SF ou le fantastique, mais il a récemment clôturé une nouvelle oeuvre sur une thématique que l’on voit rarement dans la bande dessinée: les arts martiaux. On parle là de la bagarre lorgnant du côté du cinéma hongkongais, celui qui aura révolutionné le cinéma d’action par de nombreux réalisateurs tel que Tsui Hark, John Woo ou Johnny To, et un certain Bruce Lee qui aura joué son rôle dans la popularité du genre en Occident.
Fire Power démarre sur les traces d’Owen Johnson qui s’aventure dans des montagnes perdues en Chine, pour en savoir plus sur ses parents biologiques morts il y a longtemps. Après avoir mené son enquête et appris le combat auprès de grands maîtres d’arts martiaux, Owen débarque dans un mystérieux temple shaolin, gardant un secret enfoui sous terre par plusieurs générations, et abritant des dizaines d’élèves formés pour protéger ce secret. Mais Owen apprend qu’un pouvoir est convoité depuis des années: le pouvoir de créer des boules de feu par magie. Wei Lun, son maître, s’entraîne à corps perdu pour tenter de le maîtriser, en vain. Mais peut-être que Owen y arrivera.
Si le pitch paraît somme toute classique et convenu (des parents décédés, un mystérieux pouvoir que peut-être (haha) le protagoniste réussira à maîtriser), Fire Power réussit malgré tout à garder de l’intérêt en enchaînant les surprises, notamment avec la fin du premier volume qui apparaît comme un simple prologue à la véritable aventure qui commence, et un twist à la clé. On n’en dévoilera pas davantage, mais tout au long de ces six volumes qui forment l’histoire complète, Fire Power parvient à happer le lecteur jusqu’à la fin, jonglant entre le développement d’un lore bien plus riche que prévue et des séquences d’actions merveilleusement mis en scène par Chris Samnee. L’efficacité et le dynamisme de son trait justifie à lui seul la lecture de cette série, prenant le temps par son découpage de s’amuser avec les chorégraphies des combats tout en amenant petit à petit la dose de mysticisme qui fait basculer la série vers de la fantasy avec beaucoup de malice et de suspense.
Pour autant, Fire Power n’est pas au niveau d’un Walking Dead en terme d’ambition scénaristique et de développement de personnages. Ça reste très bien raconté, tous les personnages sont attachants, on retrouve une vibe plus proche d’Invincible que la fameuse saga des zombies, et Kirkman évite les pièges de certains clichés. Fire Power a tout de la lecture efficace qui a tout compris aux codes du genre et sait les utiliser sans trahir l’esprit original. On est là pour la bagarre, pour les arts martiaux mystiques, pour Wei Lun, Owen et les autres, et l’histoire a le mérite de ne jamais perdre de temps, pour maximiser la satisfaction de lire une histoire incroyablement divertissante, à défaut de toucher des thématiques plus subtiles ou recherchées. Mais dans son domaine, Fire Power est d’une efficacité redoutable, en plus de laisser libre cours à l’imagination d’un Chris Samnee qui régale sur les dessins. Une bonne pioche et une série assez courte, le meilleur des deux mondes.
Fire Power / Robert Kirkman & Chris Samnee / Delcourt / 6 tomes (terminée)
Les films/séries gratos du mois
Ce mois-ci : France.TV offre quelques films de Sofia Coppola avec Marie-Antoinette et The Bling Ring, et Agnes Varda revient également avec une petite sélection. Rosetta permet de rendre hommage à la disparition de Emilie Dequenne. Sur TF1+, la trilogie Creed est mise en avant, tandis que Mary à tout prix va rappeler des souvenirs aux amateurs de comédie des années 90.
Marie-Antoinette (Sofia Coppola - 2006)
The Bling Ring (Sofia Coppola - 2013)
Sans toit ni loi (Agnes Varda - 1985)
Thelma et Louise (Ridley Scott - 1991 - jusqu’au 8 avril)
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (Emmanuel Mouret - 2020)
Rosetta (Les frères Dardenne - 1999)
Des lendemains qui chantent (Nicolas Castro - 2013)Le crime de l’Orient-Express (Kenneth Branagh - 2017)
Mary à tout prix (Les frères Farelly - 1998)
Creed (Ryan Coogler - 2016)
Creed II (Steven Caple Jr - 2018)
Creed III (Michael B Jordan - 2023)
The Social Network (David Fincher - 2010)
Playlist du mois
Ce mois-ci, beaucoup de sorties intéressantes côté bandes-son. Tout d’abord, la grosse sortie du mois de mars était sans nul doute Assassin’s Creed Shadows, avec d’un côté la musique de The Flight et de l’autre certains morceaux presque anachroniques signés par le groupe TEKE::TEKE. 33 Immortals régale aussi les oreilles, tout comme Wanderstop, la BO avortée de Lena Raine pour Earthblade ou le morceau de Woodkid pour Death Stranding 2, To the Wilder.
Côté ciné/séries, la saison 2 de Severance bénéficie toujours d’une BO marquante, installant le mystère avec quelques notes au piano, et Mickey 17 profite d’une musique mélangeant l’épique et la comédie.
La playlist 2025 est maintenant sur une seule playlist Youtube, pour plus de simplicité, et sera mise à jour au fur et à mesure. La version Spotify est toujours disponible.
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Misc
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